CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

DESOLE ! JE NE PORTERAIS POINT ATTEINTE AUX PROFS DE MES ENFANTS par Hakim Laalam

Pendez-les haut et court !

Par Hakim Laâlam  
Email :
laalamh@yahoo.fr

Football. Les Verts s'améliorent de jour en jour. Contre la Serbie, nous avons encaissé moins de buts que contre l'Égypte, nous avons terminé à 11 et nous n'avons même pas eu besoin de donner… 

… un coup de boule à l'arbitre !

Scène hallucinante au journal télévisé de l'unique chaîne unique de télévision du pays. Le présentateur, sur un ton «saddam husseinien» lit la série de menaces proférées par le ministère de l'Education contre les enseignants grévistes. Ensuite, un tableau détaillé de leurs salaires «augmentés» est affiché de longues minutes sur l'écran, sous nos mirettes et commenté. Un commentaire qui, en gros, veut nous expliquer que désormais, les profs sont en concurrence directe avec les plus grosses fortunes du pays. Puis, retour au communiqué du ministère pour insister de nouveau sur les consignes fermes données aux directeurs de l'éducation dans les régions pour lister tous les enseignants encore en grève afin qu'ils soient radiés des effectifs du secteur. Wallah ! Juré ! Je n'ai pas entendu «radié », mais «irradié » tellement j'avais l'impression que nous étions dans une guerre, que l'on nous désignait une armée ennemie de profs perfides, une légion des forces obscures qu'il fallait urgemment écraser, exterminer. Je ne sais pas pour vous, mais moi, je plaide pour que ce communiqué soit collationné, collectionné, archivé. C'est un modèle du genre. Ou comment désigner une partie de la population au lynchage. Ou comment marquer d'une croix les portes des domiciles des parias à liquider. Ou comment dessiner une cible sur une blouse blanche. Une bien «belle» collection de communiqués du même acabit que nous possédons désormais. Souvenez-vous d'autres communiqués de la même veine assassine. La marche des aârouch le 14 juin 2001 sur Alger. Et un ministère de l'Intérieur qui avertissait les populations de la capitale contre le danger imminent de hordes kabyles sauvages qui déferlaient sur Alger pour tout mettre à sac. On désignait ainsi officiellement les femmes et les hommes venus de «l'extérieur » et qu'il fallait chasser, bouter hors du périmètre sacré. Qui n'a pas encore en mémoire ces jeunes de Belcourt chauffés à blanc et qui s'enorgueillirent d'avoir cassé du «marcheur» ce jour-là, devant les caméras-tam-tam de l'Unique ? Etranges similitudes. Mêmes méthodes. Hier, les aârouch. Aujourd'hui, les médecins et les personnels de santé. Aujourd'hui, les enseignants. Et un dénominateur commun, la violence et la répression comme mode de gouvernance. Qui osera dire aujourd'hui, comme hier, qu'il ne s'agit que d'affaires personnelles ? Ou qu'il n'y a aucun témoin à cette ignoble entreprise de stigmatisation d'une grève ? Désolé messieurs ! Je suis parent d'élèves. Et vous ne me pousserez pas à tuer les profs de mes enfants dans un acte de démence. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

Sourc Hakim Laalam (Le Soir d'Algérie 8/3/2010

 



08/03/2010
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 45 autres membres