CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

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Le calvaire vécu pour l'obtention d'un extrait d'acte de naissance

Justice, Droit & Ethique
Le calvaire pour l'obtention d'un extrait d'Acte de Naissance
Posté par boudia2007 le 28/2/2011 8:06:42 (0 lectures) Articles du même auteur

Il est des lieux où l'être humain est en droit de s'en éloigner le plus possible car dans ces lieux c'est le calvaire vécu dans toute sa plénitude et dans toute son ampleur, ce qui avilit au plus haut point l'étre humain que de quémander un tant soit peu de considération de la part de certains énergumènes qui occupent nos administrations en Algérie.

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 Il est neuf heures du matin lorsque je décidais avec mon ami Baroudi d’aller faire une petite virée sur Relizane, le chef-lieu de wilaya jouxtant la wilaya de Chlef du côté Ouest. Nous nous sommes donnés rendez-vous chez Aoued, notre ami commun, dans la librairie de Hadj Taïeb. Il était déjà plus de neuf heures du matin. Nous avions remonté la Rue des Martyrs (ex-Rue d’Isly), nonchalamment sans nous presser. Après quelques minutes nous fûmes en présence de la mosquée de la ville, se trouvant en face du jardin public qui faisait honneur à la ville d’El Asnam dans le temps, mais actuellement déserté et peu animé de par la fréquentation qui s’y trouve. Nous avions dépassé le jardin public et nous nous trouvions directement devant la gare routière. Un jeune homme s’avança vers nous, nous demandant quelle direction nous voulions prendre. Baroudi lui répondit qu’on devait aller à Relizane. Il nous montra du doigt un bus couleur violet sombre ; nous y montâmes  et prîmes place sur deux sièges à l’avant du bus. Ce dernier était presque vide. Les gens ne se bousculaient pas à la montée. Il fallait attendre plus d’une quinzaine de minutes, sinon plus, pour voir le bus se remplir. Quelques minutes plus tard, le bus fut rempli de passagers. Toutes les places étaient occupées. Le receveur demanda au chauffeur de fermer les portières avant et arrière et commanda le départ. Le bus s’ébranla et sortit de la station d’une marche de tortue pour gagner la route nationale qui se trouvait à une encablure de la station. Dès que nous fûmes sur l’autoroute de l’entrée Ouest de la ville d’El Asnam, le bus prit sa vitesse de croisière. Certains passagers sont descendus à Oued Sly, d’autres à Bou Kader. Il fallait les remplacer par d’autres passagers. Ne s’en rendant pas compte, le receveur ne laissa pas de siège pour lui-même. Il descendit du bus et fit appel à un collègue qui le suivait de le prendre avec lui jusqu’à dépasser le barrage de police qui se trouvait à la sortie de Bou Kader. Le passage du barrage se fit sans encombre. Quelques centaines de mètres après le barrage, le chauffeur du bus s’arrêta et nous dûmes attendre le deuxième bus qui transportait le receveur pour le récupérer. A l’arrivée du deuxième bus, il y eut un transbordement de passagers du car que nous occupions vers le deuxième qui s’était arrêté devant le nôtre. C’est les passagers qui devaient descendre à Oued R’hiou. Le chauffeur faisait un peu trop de vitesse et j’ai dû l’invectiver et lui demander de respecter le code de la route car nous n’étions pas des sacs de pommes de terre mais des êtres humains et que nous avions avec lui un contrat de transport et qu’il devait nous ramener à bon port en bonne santé et qu’en tant que transport en commun, il ne devait point dépasser les 90 km à l’heure. Cela ne lui a pas plu que je lui fasse cette remarque qui, pour lui, était déplacée mais il obtempéra et diminua sa vitesse. Arrivé à Oued R’hiou, le receveur descendit et commença à rameuter des voyageurs pour compléter les sièges vides. Le bus fut plein et tous les sièges étaient maintenant occupés. Le chauffeur reprit le départ en direction de Relizane. Le trajet dura peut-être une heure, peut-être plus, peut-être moins. Arrivés à la station de la gare routière de Relizane, nous descendîmes du bus et nous décidâmes  de faire le trajet qui nous séparait de la mairie à pied. Pourquoi la mairie de Relizane ? Je vais vous expliquer le pourquoi de ce déplacement. Au lendemain du séisme du 10 Octobre 1980, ma femme qui devait accoucher fut dirigée vers l’hôpital de Relizane car celui d’El Asnam était complètement détruit et dans l’hôpital de fortune installé au Lycée As-Salem au centre-ville, il n’y avait pas de clinique d’accouchement. Ma femme passa une nuit dans l’hôpital de Relizane après avoir mis au monde, un petit bout de chou, une petite fille qui est maintenant une grande fille. Donc, elle fut inscrite à l’Etat-Civil à Relizane qui est son lieu de naissance. Et c’est là mon malheur à moi en tant que père. Depuis ce jour, je suis obligé de me déplacer à Relizane pour lui ramener son extrait de naissance et c’est le calvaire à chaque fois. Vous passez toute la journée entre les bus et la mairie, faisant face à des employés peu scrupuleux de ce que vous pouvez ressentir et qui vous font attendre plus de quatre ou cinq heures pour obtenir un extrait de naissance. Ce jour-là, c’était la goutte qui fit déborder le vase. Heureusement que j’avais mon ami Baroudi qui me calmait de temps à autre en me disant que c’était à l’image de toute l’Algérie et qu’il fallait que je me contrôle pour ne  pas porter atteinte à ma santé car je frise les 68 ans. Avant de déposer mon livret de famille, il fallait atteindre plus d’une demi-heure avant que le préposé au guichet « hors wilaya » ne se présente et daigne bien nous parler. Il était excité et nerveux. Je lui fis part de ma demande et il prit le livret de famille. Après coup, j’ai constaté que ce n’était pas le préposé au guichet « hors wilaya ». C’était un autre. Lorsque ce dernier se présenta je le mis au courant de ma déconvenue. Il me dit : « je n’ai pas le registre de 1980, il est chez le service du S 12 et je ne peux actuellement satisfaire votre demande, vous devez allez voir le chef de service du S12 pour qu’il m’envoie le registre des naissances de 1980. Je lui répondis que c’était à lui d’aller le réclamer et comme j’ai vu qu’il prenait la chose du mauvais côté, je me suis tu et je suis sorti pour demander à être reçu par le chef de service qui s’est avéré une petite dame qui était en train de débloquer une serrure. Je me présentais et lui demandais si elle pouvait faire quelque chose pour atténuer mon impatience et permettre qu’on redonne à l’employé du service « hors wilaya » le registre des naissances de 1980 afin qu’il m’établisse les extraits d’acte de naissance de ma fille. Elle se releva et me toisa comme si j’avais demandé la lune, puis me dit que c’était elle la cheftaine de service et qu’elle allait le lui ramener illico presto. Je ressortis de chez elle avec mon ami Baroudi et nous avons repris la posture de notre attente qui se faisait de plus en plus longue. Au début, l’employé m’avait dit que je devais atteindre au moins une heure pour que ma demande soit satisfaite. Je lui avais répondu que c’était normal  et je sortis avec mon ami pour aller déjeuner car il était déjà plus de 11 heures 30. Nous nous rabattîmes chez notre ami Bouyagoub qui tenait un petit kiosque où il vendait des casse-croûtes. Il nous réservé une table dans l’arrière-boutique et nous mîmes fin à notre faim. Nous avions pris des limonades pour nous désaltérer. Sur conseil de mon ami Baroudi, nous avions décidé d’aller rendre visite à une Librairie dans le centre ville de Relizane, non loin de la mairie, ce qui fut fait. Nous avons visité la librairie et elle était bien achalandée. Il y avait beaucoup de classique, des dictionnaires et des livres de cuisine et de pâtisserie. Nous sommes ressortis sans acheter et nous nous sommes attablés à un café non loin de là et nous avions dégusté nos cafés bien montés. Toute cette visite de la ville de Relizane nous prit plus d’une heure. Lorsque, revenus à la mairie pour m’enquérir de l’état de ma demande, je me présentais au préposé du guichet « hors-wilaya », il me fut répondu qu’il n’avait encore eu le registre de l’année 1980 et qu’il fallait que je revienne vers la cheftaine de service pour accéder à ma demande. Ce fut fait et elle me jura qu’elle l’avait remis. Je revins sur mes pas et j’ai toujours la même réponse du préposé. Je sortis hors de mes gonds et j’ai demandé à voir le maire ou un des vice-présidents de l’APC. Il me fut répondu qu’il fallait voir le directeur de l’Etat-Civil. Je montais les escaliers faisant face au service de l’Etat-Civil et ayant atteint le bureau du directeur, il n’était pas là. J’ai commencé à m’énerver et à élever le ton de ma voix. Je redescendis, toujours suivi de mon ami Baroudi et je décidais d’aller voir directement le maire ou un vice-président. Nous sommes montés au premier étage et j’ai demandé à voir le maire. On me dit qu’il était empêché et que je pouvais voir le vice-président. On me dirigea vers le bureau de ce dernier et je lui expliquais mon cas et ma déconvenue. Il fut très courtois et me demanda les renseignements concernant ma fille. Il inscrivit tout cela sur un bout de papier et demanda à une secrétaire de bien vouloir m’accompagner au service de l’état-Civil pour obtenir l’objet de ma demande. Elle resta là, avec moi, à quémander que l’on m’établisse l’objet de ma demande. On la rassura  et elle me fit part des résultats qu’elle avait obtenus et que je devais attendre quelques instants seulement avant d’avoir les extraits d’acte de naissance. Je la remerciais vivement en lui demandant de remercier par la même le vice-président. Il était plus de 15 h. 30. Nous étions là, à déambuler depuis 10 h. 30. J’ai vécu le calvaire durant cette journée et ce n’était pas encore le bout du tunnel. Lorsqu’on me remit les extraits d’acte de naissance, il en manquait un car j’avais demandé deux exemplaires en langue française. Il fallait réclamer et attendre encore. On me répondit qu’on ne pouvait délivrer qu’un seul exemplaire. Je dus encore aller voir le directeur de l’Etat-Civil pour qu’on puisse m’établir un deuxième exemplaire qui m’était nécessaire pour la composition d’un dossier administratif à l’étranger. A notre entrevue, le directeur descendit avec moi au service de l’Etat-Civil et auquel j'adresse tous mes remerciements pour son déplacement. J’ai encore attendu un quart d’heure supplémentaire pour pouvoir enfin obtenir l’objet de ma demande. N’est-ce pas là le parcours du combattant pour obtenir un extrait d’acte de naissance ? N’est-ce pas une péripétie digne des tribulations d’un chinois en Chine, ou plutôt d’un Algérien en Algérie ? Nous sommes la République la plus paperassière du monde et nous nous en vantons chaque jour que Dieu fait. Nous consommons du papier plus que ne consomment les Etats-Unis avec leurs 400.000.000 d’habitants. L’administration algérienne est terroriste. Le peuple subit outrancièrement ses méfaits et si nous enregistrons un taux élevé de diabétiques, des hypertendus, c’est bien, en majeure partie, à cause de cette administration rétrograde rongée par la corruption et par les passe-droits. Jusqu’à quand allons-nous subir les marasmes des ces terroristes administratifs ? Jusqu’à quand les tenants du pouvoir vont-ils laisser faire ? Pourquoi ne veulent-ils pas alléger les souffrances de ce peuple pris en otage ? J’ai parlé d’une seule mairie, mais c’est peut-être pire dans toutes les autres contrées du pays. Jusqu’à quand cela va durer. Attention à l’implosion sociale ? Cet état de fait n’est pas unique en son genre, allez voir du côté des CNR et des CNAS des bureaux de postes (PTT) où les gens d’un certain âge subissent le calvaire et sont dénigrés et rabroués comme des va-nu-pieds. De grâce faites quelque chose pour atténuer le calvaire de cette populace que vous avez pris effectivement en otage !

 

Mohamed Boudia - Ecrivain et journaliste indépendant -  Chlef -


 
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28/02/2011
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