CAFE LITTERAIRE DU 26 FEVRIER 2013 - CHLEF
CAFE LITTERAIRE DU 26 FEVRIER 2013
Le café littéraire de la bibliothèque de la wilaya de Chlef ouvre ses portes tous les mardis à partir de 14 h. 30 et ne désemplit pas durant toutes ses séances. Plusieurs invités nous rejoignent à chaque fois et les thèmes différents tout le temps d’une séance à une autre. Pour ce jour du Mardi 26 Février 2013, ce fut au tour de Mr Mohamed Boudia, écrivain et président du café littéraire de donner une conférence sous le thème « d’Aïssat Idir aux Nationalisations des hydrocarbures ». Le conférencier commença par faire la jonction entre la journée du chahid pour ensuite donner le cursus social et syndical de Aïssat Idir. Il devait en outre dire :
Chahid « Aïssat Idir »
« Le chahid Aïssat Idir était né en 1919 dans le village de Djemaa Sharidj, près de Tizi-ouzou. Il évolua dans une famille très modeste. Ses études primaires ont été effectuées dans son village natal. Il fut affecté au Lycée Française de Tizi-Ouzou jusqu’à l’obtention de son diplôme du premier cycle de l’enseignement secondaire. La condition de sa famille ainsi que la précarité de cette dernière ne lui permit pas de continuer ses études et il dut quitter l’école pour le monde du travail.
Par la suite, il fut obligé de rejoindre son oncle paternel en Tunisie pour poursuivre ses études supérieures en Economie à l’université de Tunis de 1935 à 1938. Aïssat Idir entra dans une usine d’aviation où il fit sensation sur ses patrons et devint chef de service du contrôle administratif. L’administration voulant organiser les services administratifs de l’aéroport de Casablanca, l’y envoya pour remettre sur pied le service du contrôle administratif dans cette entité aéroportuaire.
Aïssat Idir a joué un très grand rôle dans le mouvement syndical algérien de par son intégration dans les rouages du syndicalisme d’alors sous le couvert des confédérations communistes et socialistes de l’époque pour tenter de faire valoir les droits des travailleurs algériens. Son intéressement aux droits des travailleurs était tel qu’il se présenta comme représentant des travailleurs qui l’élisent en tant que membre de la commission exécutive des travailleurs du secteur d’Etat dont l’affiliation était aux syndicats communistes français.
Dans l’exercice de ses fonctions syndicales, Aïssat Idir a remarqué beaucoup de distorsion quant aux droits des travailleurs algériens. En effet, ces derniers n’avaient pas les mêmes droits que les autres travailleurs européens. Les syndicats communistes n’accordaient pas la même importance aux travailleurs des différentes ethnies. Lorsqu’il revint en Algérie, l’idée de la création d’un syndicat autonome des travailleurs algériens avait déjà germé dans son esprit. Les syndicats français ayant eu vent de ses projections commencèrent à l’écarter peu à peu des postes de responsabilité au sein du mouvement syndical français.
Au milieu de l’année 1951, alors qu’il se trouvait sur son poste de travail, la police est venue le cueillir avec dix autres travailleurs algériens. Lui et ses compagnons d’infortune furent libérés dix jours plus tard et évincés de leur entreprise. Il ne tarda pas à trouver un autre emploi à la Caisse d’Allocations Familiales du Bâtiment et des Travaux Publics où le poste de responsable du comité central des affaires syndicales, relevant du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques, lui fut confié de 1949 à 1954.
La propagation de l’idée du syndicalisme algérien l’amena à une autre arrestation par les autorités coloniales. Il ne fut libéré que le 22 Décembre 1954.
Les efforts d’Aïssat Idir et ses démarches pour la création d’un syndicat furent couronnés de succès. L’Union Générale des Travailleurs Algériens a pris naissance un certain 24 Février 1956 et il fut élu le premier secrétaire général de cette organisation syndicale des travailleurs. Il s’évertua à créer des cellules syndicales dans tous les secteurs et ne s’arrêta que lorsqu’il fut, une nouvelle fois, arrêté par la police française sur ordre direct de Robert Lacoste alors, ministre délégué, le 23 Mai 1956 en raison de ses activités syndicales. Son premier lieu d’incarcération fut Berrouaghia où il rencontra beaucoup d’algériens de tous les coins du pays. Il fut trimballé d’une prison à une autre, à Aflou, à Saint-Lô et Bossuet puis son transfert sur la prison de Barberousse. Le 13 Janvier 1959, il fut traduit en justice et fut reconnu non coupable pour les chefs d’accusations qui lui étaient imputés (atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat Français). Il fut libéré virtuellement mais pratiquement, à la sortie du tribunal, on le séquestra et on l’envoya à la prison de Birtraria où il subit les pires sévices et tortures. Le directeur de la prison voyant qu’il n’était plus qu’une loque en instance de mort, l’envoya à l’hôpital militaire où il rendit l’âme, le 26 Juillet 1959, des suites des tortures inhumaines qu’il a subies. Son assassinat souleva un tollé de contestations au sein du mouvement syndical mondial qui demanda des éclaircissements sur sa mort aux autorités françaises qui restèrent muettes. Une vague de protestations fut déclenchée par l’organisation mondiale des syndicats libres, la ligue mondiale des syndicats, l’union internationale des agriculteurs et des syndicalistes arabes de même que les syndicats communistes français. Ils demandèrent tous à ce que la lumière soit fait sur l’assassinat d’Aïssat Idir, secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs Algériens.
Le conférencier devait rappeler que c’est le 57ème Anniversaire de la création de l’U.G.T.A.
Le conférencier n’omettra pas de faire la relation entre Aïssat Idir, l’U.G.T.A. et la nationalisation des hydrocarbures le 24 Février 1971, qui ont permis à l’Algérie de pouvoir profiter de ses ressources du sous-sol.
C’est le 42ème Anniversaire de la nationalisation des pétroles opérée par Boumediene, chef du conseil de la révolution. Dans ce contexte, le conférencier précisera que les syndicats furent subordonnés au pouvoir au lendemain de l’indépendance, de façon à pouvoir mieux les contrôler car qui étaient affiliés aux syndicats sinon les prolétaires dont le nombre était de 100.000 ou 110.000 ouvriers, toutes sortes confondues.
En matière de désinformation, la chaîne Médi1, dans une émission concernant la nationalisation des hydrocarbures, avait annoncé, par la bouche du speaker en charge de cette émission que c’est l’actuel président de la république qui avait soufflé à Boumediene la nationalisation du pétrole alors qu’il se trouvait à Paris en pleine négociation sur le prix du pétrole brut.
Les autorités algériennes ont choisi, cette année, le site de Tiguentourine (Aïn Amenas) comme lieu de la célébration du 42ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, pour mieux symboliser la manifestation, après les évènements qui s’y sont déroulés et que l’Algérie à défait d’une main de maître laissant entrevoir une force de frappe à toute épreuve.
La parole fut ensuite donnée à notre poète Mokhtari Mansour qui s’évertua à nous déclamer plusieurs de ses poèmes populaires dans des intermèdes des jeunes poètes qui se sont relayés à la tribune, en l’occurrence, Houari Khair-eddine, Nasri Houria, Gharbi Hakima, Ham Rabia, Hadache Amel, Ali Hadji Nawel ainsi que Benahmed Djamila qui nous revient de ses prestations théâtrales.
Ce fut au tour de Melle Kaben Latifa de nous gratifier d’un poème de sa composition concernant la situation sociale du pays et vantant notre force en tout et pour tout. Représentant le président de l’union des étudiants de la faculté de droit, elle remit les diplômes d’honneur à Mr Chérifi Ahmed, président de l’association d’Archéologie « Castellum » ainsi qu’à Mr Kiouar Mohamed Baroudi, ancien détenu et ancien scout pour leur participation à la fête des étudiants organisée le jour du Chahid, c’est-à-dire, le 18 Février 2013 durant laquelle, Mohamed Boudia avait donné une conférence dont le thème fut « Les chouhadas de la région de Chlef ».
La parole fut ensuite donnée à Mr Tabache Mohamed Amine, président d’une association de Ulémas à Zebboudja, de nous présenter son association et qui ne manquera pas d’inviter tous les membres du café littéraire pour une tournée dans son village au sein de son association.
Mohamed BOUDIA
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