Lundi le 9 août 2010
Un crépuscule d'été
Emporté par le sentiment de nostalgie, ma pensée me fait voyager dans le temps, et ma mémoire s?apprête à me rediffuser les plus beaux souvenirs de mon enfance.
Je me rappelle de cet été de mille neuf cent soixante dix, marqué par la fin d?année scolaire, où j?avais seize ans, on vient juste de quitter le lycée El Khawarismi de la ville d?El Asnam (Chleff) en Algérie, fin mai après avoir terminé les compositions (examens de fin d?année), c?est début des grandes vacances où l?activité cérébrale prend congé pour céder sa place aux divertissements.
Mon grand père Boya Ahmed, était un grand paysan très riche, j?allais donc passer chaque été mes vacances chez lui, dans un petit village appelé Les Attafs, ce magnifique village est situé à trente quatre kilomètres à l?est de la ville d?El Asnam. Mon grand père possédait des centaines d?hectares de terres fertiles, il avait aussi trois écuries, une écurie pour les vaches, une deuxième pour les moutons et les chèvres, une troisième pour les chevaux. Dés l?enfance, je suis tombé amoureux de la beauté et de l?harmonie de ce paysage splendide et déjà la nature gouvernait mes sentiments, quant à ma pensée pigée par le romantisme et le rationalisme, continue à osciller entre les deux courants sans interrompre l?équilibre.
Faire les mathématiques ou lire un livre au milieu de cette prairie peuplée par la biodiversité animale, c?est faire cohabiter la science avec la nature en interpelant la pensée sentimentale à travers la diffusion par le vivant de cette musique écrite par le c?ur et composée par la liberté.
Les bergers accompagnent les troupeaux de vaches et de moutons dés la lueur pale de l?aube, à des kilomètres de notre domicile pour regagner les terres pleines de pâturages où les bêtes pourront enfin brouter une bonne quantité d?herbe sans difficulté. Le soir au crépuscule, toute la famille assise à la véranda de la villa, entrain de contempler cette grosse et transparente boule solaire, qui embellie et enjolive l?horizon avec tout son spectre de couleurs juste avant de s?écraser sur la terre, à l?heure où on entend déjà les sons des vaches et des moutons, revenir de ces lointains pâturages, les bêtes se dirigent directement vers les abreuvoirs pour satisfaire leur soif. Je vois encore ma grand-mère et ma mère, chacune choisir une vache prête à la traite, chacune d?elles, accompagnée d?un récipient fabriqué en argile (dit hellab) pour traire les deux vaches choisies avant que celles-ci rejoignent l?écurie. Moi, mes s?urs, mes cousines et mes cousins, nous continuons à exploiter cet oxygène pur et en abondance tout en contemplant dans cet espace infini et silencieux, la beauté de cette lumière émise par l?astre lunaire, en récitant ensemble le chant de la lune : « ya gmer allali allali wasalni lekhwali ekhwali wakhwali fi touness fi touness waachahoum berkoukess berkoukess ».