CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

CAFE LITTERAIRE DU 5 FEVRIER 2013

CAFE LITTERAIRE DU 5 FEVRIER 1013

 

 Comme à l’accoutumée, le café littéraire de Chlef voit ses adeptes se rencontrer autour d’un nouveau thème. Ce 5 Février 2013 était prévue Mme Aït Saada Eldjamhouria, doyenne de la facultés des lettres à l’Université Hassiba Benbouali, mais empêchée, elle fut remplacée par Monsieur Mohamed Boudia, président du café littéraire qui devait présenter une conférence sous le thème : « Les citations d’hommes célèbres, les dictons et proverbes.

 

Après avoir souhaité la bienvenue à tous les participants au café littéraire, le conférencier commencera par donner quelques citations d’hommes célèbres et quelques dictons, adages et proverbes arabes en prenant soin de donner l’explication non point étymologique mais plutôt le sens et la morale qui s’en dégage.

 

Figure 3- Assistance du café littéraire de Chlef

 

 

Quelques exemples de citations d’hommes célèbres :

 

« Le propre de la médiocrité est de se croire supérieur »

                 François de la Rochefoucauld

« Ne juge pas chaque jour à la récolte que tu fais, mais aux graines que tu as semé »

                    Robert Louis Stevenson

 

« On peut feindre d’avoir du cœur, mais pas d’avoir de l’esprit »

                     Paul Morand

 

« On peut répandre la lumière de deux façons : Etre la bougie ou le miroir qui la reflète »

                      Edith Wharton

 

« On ne met pas son passé dans sa poche ; il faut avoir une maison pour l’y ranger »

Jean-Paul Sartre          (extrait de « La Nausée »

 

 

                                 - LES ADAGES A TRAVERS LES AGES –    

 

                         Il n’est point dans mon intention de vous donner tous les adages populaires ayant jalonné la vie des algériens durant les siècles antérieurs, mais je voudrais seulement donner une liste plus ou moins complète des adages que je connais et que j’ai entendus durant ma vie. Ces adages reflètent la vie propre de tous les habitants d’une certaine contrée et généralement, leur sens est universel et peuvent s’appliquer à n’importe quel type de société. Je vais essayer de transcrire ces adages  et de les traduire en français, de même de donner une explication très détaillée de leur sens ainsi que le domaine de leur utilisation propre par l’individu au cours de sa vie. Ces adages sont le résultat de l’expérience de personnes qui ont vécu avant nous et qu’ils nous ont légué par la voie de l’oralité comme héritage culturel. Nous sommes obligés de les préserver et d’en faire notre bien et de les véhiculer pour les générations futures. La transmission orale de ces adages tend à les minimiser et les altérer durant le temps et l’espace.

 

         Les adages populaires sont le patrimoine de l’humanité toute entière. Il faut les conserver comme un joyau, les dorloter comme un bébé, à ce qu’il y ait une croissance de la culture universelle. Je crois que tout un chacun devrait se comporter en tant que responsable  à son niveau et essayer d’apporter son aide à la conservation  de cette culture orale qui reflète tant nos us et coutumes depuis des siècles. Les adages et les dictons sont une culture  générale qui s’appuie sur la réalité, sur des situations vécues par les habitants d’une région donnée.  La similitude des adages d’une région à une autre ou d’un pays à un autre nous fait sentir que l’adage est l’apanage de l’être humain avec un grand « H ». Il serait malvenu de laisser mourir ce patrimoine en ne faisant rien pour sa conservation et sa pérennisation dans le temps afin de le mettre à l’abri  de son extinction et à la disposition des générations futures. J’espère être à la hauteur de la tâche et pouvoir amener un peu d’eau au moulin de notre histoire sociale.

 

         Ce qui différencie un peuple d’un autre et ce qui les rapproche en même temps, c’est leurs us et coutumes qui sont représentées par le folklore, par les chants et les danses populaires (adates oua toukousses), par les adages, dictons et proverbes. Bien qu’ils soient d’une même source, ils diffèrent d’une ethnie à une autre et d’une contrée à une autre. Les adages et les dictons reflètent la vie de la société qui les a enfantés. On peut trouver une similitude dans les adages, les dictons et proverbes dans plusieurs sociétés ou ethnies différentes. Nous ne pouvons ignorer ces différentes formes de représentativité  des sociétés ou des communautés existantes. On va comprendre qu’ils font partie de nous-mêmes, qu’ils sont notre vie en général, qu’ils nous dictent une certaine conduite de morale positive qui nous permet de vivre en société. Il serait inopportun d’oublier que chaque communauté, dans son essence propre, a ses adages, ses dictons et ses proverbes. C’est une culture populaire qui, généralement, est édicté par les sages d’une société donnée. C’est l’ensemble des éléments d’une morale communautaire que l’on doit respecter et observer à la lettre. Les dictons et les adages sont une école pour le jeune. Ils lui permettent de se perfectionner et d’accepter les règles intra-communautaires et intra-ethniques. Cela lui permet aussi, de forger sa propre personnalité qui, au demeurant, serait tronquée  s’il n’apprenait pas les adages et les dictons qui régissent plus ou moins la société dans laquelle il vit. C’est une formation sociologique, une formation morale que de croire et de fructifier cette culture orale qui reflète bien la vie d’une certaine communauté. L’essentiel dans cette étude, c’est de mettre en valeur la perception de cette morale de l’adage qui devient, au fil du temps, un enseignement psychosociologique de la société. Les adages et les dictons peuvent être enrichis, au fil des années, par les nouveaux venus dans cette société. Nous ne pouvons plus les appeler, peut-être, les adages ou les dictons, mais on pourrait les appeler les citations. Citations, pourquoi ? Parce qu’elles sont citées au moment même, ou à la période même où vit l’intéressé qui les a édictés. La citation n’est pas une morale mais un état d’esprit qui est prononcé par son auteur qui veut donner, un tant soit peu, une certaine ligne de conduite à la société dans laquelle il vit. C’est une expérience personnelle de son auteur. Les citations peuvent être de morale pure, peuvent être aussi humoristiques, que d’éducation. En définitive, nous pouvons dire que les adages, les dictons et les proverbes, ainsi que les citations sont des éléments incontournables pour la formation de l’individu au sein de la société dans laquelle il se meut. Ils reflètent la personnalité propre ainsi que la culture de la communauté en général.

 

                   Les adages seront transcrits textuellement dans la phonétique de la langue arabe mais avec les lettres latines pour les mettre à la disposition des francophones d’ici et d’ailleurs.

 

                   Mais dans une autre approche, je vais essayer de faire une étude psychosociologique  de la société qui les véhicule afin de parfaire ce long cheminement à travers les âges.

 

                     Les adages véhiculent deux courants de pensée populaire. Après la décadence de Grenade en Andalousie ainsi que  l’effritement de l’Empire Ottoman, les populations ont été très prolifiques en matière de création des adages, de par leur négativisme dû à la situation politico sociale qui prévalait après la décadence de la civilisation arabo-musulmane. En effet, nous trouvons des adages positifs et des adages négatifs dans la société algérienne ou autre.

                  

                    Cette étude se veut plus ou moins exhaustive car elle nous permet de cerner tous les problèmes inhérents à la société qui véhicule ces adages.

 

                   Nous constatons de prime abord, deux courants dans les adages :

1/- Le positivisme

2/- Le négativisme

                     

                     Ces deux courants reflètent un certain état d’esprit des populations qui composent la société et dénotent d’une certaine culture ancestrale. Il m’arrive, par moment, de deviser un peu et pour rejoindre une hypothèse de Monsieur Kouadri Bouali,  enseignant du département français de l’Université « Hassiba Benbouali » de Chlef, je dirais que le mot « adage » peut être attribué au français, comme à l’arabe et pourquoi pas à une autre langue. Si nous décortiquons le mot « adage » nous allons trouver un mot arabe « ada » qui veut dire « coutume » et un suffixe qui renforce l’idée de cette coutume « ge ». En partant de cette constatation, nous pouvons dire que les adages, les dictons, les proverbes sont les us et les coutumes des peuples et qu’ils véhiculent des notions de morale et d’éducation qu’elle soit positive ou négative (pour nous prémunir peut-être d’une certaine léthargie que nous avons adoptée depuis la décadence de la civilisation musulmane depuis des siècles à commencer par la chute de Grenade en Espagne et la chute de l’Empire Ottoman à Istanbul.

                Nous commencerons notre étude par le premier courant de pensée  qui est le positivisme dans la pensée populaire :

Le Positivisme :

Nous allons donner quelques exemples et essayer de classer tous les adages reflétant un certain positivisme de la pensée dans cette première catégorie et essayer d’en donner une définition et en faire ressortir la morale qui s’en dégage. 

 

      وجه الخروف معروف                                                                                     

1°/-  « Ouedjh el khrouf ma’arouf » Le visage de l’agneau est bien connu. (On le dit pour quelqu’un de bonne famille pour le féliciter de sa droiture et de son intégrité). Nous avons l’équivalent en français qui dit : « Bon sang ne saurait mentir ». Lorsqu’on s’adresse à quelqu’un avec cet adage, nous lui faisons un compliment de bonne conduite et de bonne souche. Un autre proverbe qui veut dire la même chose en français « bon chien chasse de race ». C’est-à-dire que l’individu hérite des qualités des membres de sa famille.

 

اللي ضربتو يدو مايوجعو قلبو                         

2°/- « Elli dharbatou yeddou, ma youdj’ou galbou ». Celui qui s’est donné une gifle ne peut avoir mal au cœur. C’est-à-dire que celui qui a fait une faute ne doit en aucune manière en tenir grief aux autres.

                   Cela est dit dans le but de la responsabilisation de l’individu pour l’amener à comprendre qu’il est responsable de ses actes. Cet adage est considéré comme positif de part la morale qu’il dégage en matière de responsabilité propre de l’individu vis-à-vis de ses actes.

 

 

ما تزوجو حتى  أتشبهو                              

3/- « Ma zaoudjou hata ettechebhou ». Ne se marient que ceux qui se ressemblent. C’est-à-dire qu’ils ont les mêmes manières. Nous avons le même sens dans un proverbe français : « qui s’assemblent se ressemblent ».

 

                   Dans le cas précis de cet adage, il est fait allusion à la ressemblance entre deux personnes ou entre deux manières d’être.

 

خلي البير  بغطاه                                 

 

4/- « Khalli elbir beghtah ». Laissons le puits couvert. C’est-à-dire, ne pas remuer le couteau dans la plaie. Ne pas éventer un secret et ne pas ressasser toujours la même histoire. Cet adage nous aide à nous contenir et à ne pas divulguer des secrets devant une assistance.

 

Le négativisme :

Nous allons aussi donner quelques exemples de dictons et adages négativistes :

 

يا الشاقي للباقي وكول أنت يا المسترا     أخدم     

 

32/- « ekhdem ya echaki lel baki  ou koul enta ya elmestrah »  Travaille, oh ! Toi ! Qui trime pour celui qui restera après toi et mange, oh ! Toi ! Qui te repose. Je pense, pour ma part, que cet adage est plus ou moins de forme négative, car il a tendance à vous pousser à la fainéantise et au chômage.

 

الشرقة لي عمتك                                            

33/- « echerga el 3ametek » Se dit au bébé lorsqu’il a avalé de travers. C’est utilisé pour dénigrer peut-être la sœur du mari par l’épouse de ce dernier.

 

اللي ما عندوش أعدو في البر أيقارع  الولد أختو يكبر                      

34/- « elli ma 3anedouch 3adoue fi elber, ikare3 eloueld khtou yakber » Celui qui n’a pas d’ennemi sur terre, qu’il attende que grandisse son neveu (fils de la sœur). Cet adage est dit pour dénigrer le neveu et pousser l’oncle à détester ce dernier. Donc, je pense pour ma part, qu’il doit être classé dans la catégorie du négativisme.

 

مروح الإ برة في الصليح                                              

35/- « Marouah lebra fi slih ». C’est-à-dire, la perte d’une aiguille dans les ordures. Se dit à quelqu’un qu’on ne veut plus revoir ou qu’on ne peut plus supporter et qui veut prendre congé de vous. Cet adage dénote de la rancœur qu’on peut avoir vis-à-vis d’un être humain et peut être classé dans la catégorie du négativisme.

 

كل عطلة فيها خير                                                    

36/- « koul ôutla fiha kheïr » Tout retard est une bonne chose. Nous voyons dans cet adage un certain négativisme qui tend à minimiser la valeur du temps et l’exactitude dans les rendez-vous et dans la parole donnée pour arriver à une heure précise.

 

                   Nous remarquons dans les différents adages précités qu’il y a une certaine propension au dénigrement d’une certaine frange de la société. En effet, il est fait état d’esclaves, de belles-mères, de neveux et bien d’autres qu’on qualifie de mauvais et pouvant porter atteinte à la société. Donc, leur classement dans cette catégorie de négativisme n’est que justice rendue.

 

                                                Mohamed Boudia – Ecrivain-Auteur - Chlef

 

 

Figure 1- L'assistance  du café littéraire de Chlef

 

Durant les intermèdes, notre poète Saâdoune Bouabdellah nous gratifie toujours de quelques passages de poèmes célèbres ainsi que de sa création.

 

Figure 2 - Mr Hadj  Slimane Chérifi, poète et Mr Saâdoune Bouabdellah, poète

 

Notre invité, Hadj Slimane Chérifi, président de l’association de défense du patrimoine à Mascara, nous gratifia de plusieurs vers de son livre « EL RAOUDHA ELFAYHA’E  FI SIRATOU KHATEM EL ANBIYA »

Dont je vais vous donner quelques extraits :

 

قد قال ربك في القران لا تلجو               بيت النبي سوى بالإذن واللدم

لمست إذنك فأذن لي وخذ بيدي              لأدخل البيت بيت الله من سلام

وأحكي السيرة الغراءمحتكما                    إليك هلا أعدت الحبر للقلم  

فيا رسول الهدى من لي بوصفك أو           حتى بمدحك فأذن لي ولا تلم

إني أقتحمت عليك الدار محتميا                بكنه عطفك مشتاقا إلى الرنم

 

Les débats qui suivirent la conférence sur les adages furent très concluants et ont permis à l’assistance d’apporter un plus à cette bibliothèque orale de notre société. Il est inutile de remarquer que ce n’est qu’une partie infime de notre répertoire des adages à travers les âges.

 

                           Mohamed Boudia – Ecrivain – Auteur - Chlef

 



15/02/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 45 autres membres