CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

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LAGRA'Â ET LE LION-OGRE (Suite 2)

Le prince, excédé par la peur qui a été instauré au milieu de son peuple, ordonna à son berrah (annonceur) de revenir dans tous les lieux de la contrée en proposant tout ce qu'il avait comme biens ainsi que sa fille et son trône pour apporter un peu de quiétude à son peuple. Le berrah (l'annonceur) disait à tue-tête, en tambourinant sur un instrument à percussion de sa fabrication : « Ecoutez bonnes gens ! Que Dieu vous fasse entendre le bien ! Mon Sultan Takheirine, vous annonce que : Quiconque pourrait me ramener la tête du lion-ogre, je lui donnerais ma fille en mariage et mon trône » ! Tout le peuple de la contrée avait peur du lion-ogre et personne n'osait se présenter pour se lancer le défi de ramener ce lion-ogre qui semait la terreur parmi les populations.

Il y avait un voyageur qui arrivait d'une autre contrée. En entendant la nouvelle, il se présenta au palais et se lança le défi devant le Sultan de ramener le lion-ogre. Le prince, le voyant déguenillé et teigneux n'en croyait rien mais voulut quand même tenter le diable en lui donner sa chance. La fille du Sultan qui était assise à côté de lui, eut un haut-le-coeur en posant son regard sur Lagraâ, le voyageur qui venait proposer ses services à son père, le Sultan Takheirine. L'homme posa certaines conditions en disant :

- Vous devez me préparer vingt poulets bien rôtis avec vingt bouteilles de vin car je dois reprendre des forces avant mon combat avec le lion.

L'assistance en resta médusée. Personne ne comprenait où voulait en venir Lagraâ (le teigneux). Le Sultan ordonna qu'on lui ramène tout ce qu'il demande pour qu'il puisse s'en aller quérir le lion-ogre dans les plus brefs délais.

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On lui donna ce qu'il avait demandé et on lui sella un cheval pour lui éviter la fatigue qui pourrait l'envahir avant son duel avec le lion-ogre. Il prit ses provisions, monta sur son cheval et partit au galop en direction de,la région occupée par le lion-ogre. Après son départ, tout le monde se questionnait en disant qu'il allait vers son ultime heure vu que tous les jeunes guerriers ont échoué dans cette entreprise.

Lagraâ était un fin limier. Il était d'une espièglerie sans pareille. Il rivalisait d'intelligence avec le diable en personne. Arrivé à l'entrée du haut plateau, fief du lion-ogre, il arrêta sa monture devant un grand fourré et descendit ses provisions. Il n'avait ni dague ni épée, ni aucune autre arme qui lui permettrait de se défendre face au lion-ogre. Il s'assit et commença un vrai monologue. Le lion était caché derrière le gros fourré. Il l'avait vu venir mais ne voulait point s'aventurer avant d'avoir eu le coeur net de n'en faire qu'une bouchée comme tous ses prédécesseurs. Lagraâ sortit les poulets et commença à tonitruer : « Mes armes ! Ah ! Mes lascars, vous êtes vingt contre un, mais je vous couperais à tous, la tête ! Par Dieu ! Je ne ferais qu'une bouchée de vous tous, espèces de gredins ! Il mangea une bouchée du premier poulet en vociférant : « Et d'un ! Puis il arrosait le reste du poulet avec une bouteille de vin et jetait le poulet ainsi arrosé derrière lui, dans le fourré où se tapissait le lion-ogre qui vit une aubaine de ce poulet qui lui tombait du ciel. Il se tapit encore plus se disant que ce monsieur était en train de mener un combat contre vingt hommes. Le stratagème continua de même pour tous les autres poulets restants Et de deux ! Et de trois ! Jusqu'au vingtième. Chaque poulet qui tombait devant le lion-ogre, lui redonnait de l'appétit et il ne s'en privait point. Après avoir ingurgité les vingt poulets imbibés de vin, le lion était devenu comme une loque. Il ne tenait plus sur ses pattes. Maintenant Lagraâ était sûr que son lion-ogre était à point et qu'il pouvait le ramener sans danger aucun jusqu'au palais du Sultan. Il passa

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derrière le fourré et trouva le lion-ogre affalé, ne tenant plus sur ses pattes. Il le prit par l'oreille et commença à le tirer derrière lui. Le lion-ogre suivait docilement car il n'avait plus aucune réaction guerrière. En arrivant en vue du palais, certaines vigies le virent et portèrent la nouvelle à lapopulation et au Sultan en ces termes : « Ecoutez bonne gens ! Lagraâ ramène le lion-ogre par son oreille ! ».

                               à suivre ..............



14/04/2010
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