CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

LES MAISONS TRADITIONNELLES EN ALGERIE   -  2^ème version

La radio Chlef (87.7 FM) animée par un collectif de jeunes talents et à leur tête Monsieur Boukra Abdelhamid, directeur de la radio font un travail remarquable en touchant tous les domaines de la vie courante et font appel à des représentants de la société civile pour créer un débat en direct, à l'antenne afin d'initier une certaine interactivité avec la population d'auditeurs qui participent aux différentes émissions initiées par les journalistes et surtout celle dirigée de main de maître par Monsieur Abdelkrim Elhouari, en l'occurrence « Dhakirate El Madina » (La mémoire de la ville) qui s'est penchée ce lundi Mars 2010, entre 18 heures et 19 heures, sur le thème combien nostalgique des maisons traditionnelles en Algérie, mais surtout dans la région de Chlef.

Après les présentations d'usage et les souhaits de bienvenue aux  fervents auditeurs attitrés auprès de l'émission « Dhakirate El Madina », Monsieur Abdelkrim El Houari passe la parole à Monsieur Boudia Mohamed, ancien cadre de l'éducation en retraite et écrivain, auteur de plusieurs publications en France et au Canada ainsi qu'en Belgique, de donner un aperçu plus ou moins détaillé des habitations traditionnelles afférentes aux différentes régions du pays (Kabylie, M'zab, Sud, Touareg, Oued Souf, région de Chlef, ainsi que dans les grandes villes ou centres urbains telles Alger, Constantine, Tlemcen, Annaba, Oran, etc..

1/- La maison medinoise

La maison médinoise est une demeure aux façades très simples, d'un volume fermé sur l'extérieur. Elle est éclairée par une ouverture sur un patio (ouast eddar). Cette ouverture remplit aussi la fonction d'aérateur et de cheminée pour les gaz nocifs. Elles sont généralement faites d'un rez-de-chaussée et d'un étage surmonté d'une terrasse (Stah). On y entre par un vestibule (skifa) qui est peu éclairé qui donne directement sur Ouast Eddar qui est l'espace central entouré d'un couloir circulaire (s'hin) en forme de galerie à arcades appelé aussi « M'kadma ». Les pièces ou « byout » plus longues se regroupent tout autour d'Ouast Eddar. Juste à l'entrée, se trouve une grande pièce appelée « Majliss » ou « bite edhiaf ». « Sraya » est la plus grande pièce de l'étage qui donne sur la coursive menant vers la terrasse (Stah).

Généralement le revêtement du sol se fait avec du Zellidj.

Ancienne Maison traditionnelle dans le M'zab

2 /- LES MAISONS DU SOUF

Les maisons du Souf se présentent avec des murs aveugles comme une sorte de lieu clos. Ces murs assurent l'intimité des gens qui y habitent. La continuité de ces murs n'est interrompue que par de petites ouvertures assez hautes perchées et une porte unique très discrète. Les caractéristiques des maisons sont les suivantes :

 Mitoyenneté de chaque maison avec les trois autres
· Toiture représentée en voûte on en coupole
· L'orientation des pièces pour permettre le nomadisme saisonnier est plein sud
· Fenêtres donnant sur la cour intérieure
· Un portique orienté au Sud ;

· Des ouvertures d'aération très réduites
· Des pièces très réduites en surface
· Le plâtre est le matériau le plus utilisé pour sa couleur blanche qui permet une réflexion maximale des rayons solaires)

Maison plein intérieur

Les murs sont généralement en matériau simple (pisé) isothermique réalisé sous forme de briques pleines  crues et rarement crépies. Les toitures sont couvertes de chaume (Diss) et la cour est très vaste prenant parfois la moitié de la superficie sur laquelle est construite l'habitation. Tout autour de cette cour sont agencées les chambres (pièces) qui se ressemblent toutes sans aucune distinction particulière sauf pour la cuisine et pour la pièce de réception (Dar Edhiaf). Il y a au moins deux pièces près de l'entrée dont l'une sert pour les invités. Nous pouvons répertorier : Les chambres intimes (ou à coucher) – la cuisine – la réserve – l'étable, le salon (bit edhiaf) Toutes les pièces sont polyvalentes.

Intérieur maison kabyle - Artiste Rédha

3/- LA MAISON CHAOUÏA (TADARTH)

Dans la dechra chaouïa (hameau) les maisons sont construites, accolées aux parois rocheuses à mi-versant des montagnes s'intégrant admirablement au site, créant ainsi un gigantesque escalier, car la terrasse de l'une forme la cour de la maison qui est au-dessus et ainsi de suite. Très discrètes et comme aération des trous en forme de triangles, de carrés animent les façades des maisons. Contrairement à la cour de la maison du Souf, celle de la maison Chaouïa est exigüe et ne représente généralement pas plus du quart de la parcelle de la maison. La maison chaouïa comprend trois niveaux :

1^er Niveau : Bergerie – dépôt (bois-fourrages-instruments aratoires), espace humide (W/C)

2^ème Niveau : Il est réservé pour les hommes

3^ème Niveau : El 3li (pièce de réserve et Stah (lieu de  séchage du linge et des céréales)

4/- La maison kabyle ou (AXAM)

La maison kabyle est d'une grande simplicité. Elle est faite avec les matériaux locaux. Elle est introvertie et intégrée au site. Elle est en forme parallélépipédique surmontée d'un toit de tuiles rouges. C'est un espace clos que seule la porte d'entrée et une petite percée dans le mur viennent déranger cette intimité. Son espace intérieur est constitué de trois sous divisions :

-Taqaât pour les hommes et femmes

-Adaynin, en bas pour les animaux

-Taâricht, en sous-pente pour la réserve d'aliments ou une éventuelle chambre.

Source : Kabyle – Photo  Farida E.

Toute la maison donne sur une cour fermée à laquelle on accède par une porte d'entrée en chicane (couloir recouvert). La séparation entre hommes et bêtes est faite par de petites murettes qui servent aussi de mangeoires et sur lesquelles on dispose des récipients « ikouffen » en argile ou en foin pour la réserve de grain.

5/- LA MAISON DU M'ZAB

Dans la maison mozabite, l'architecture interne est agencée en éléments pour assumer la fonction de meubles de rangement. Nous accédons à la maison par un couloir qu'ont nomme « Taskift » qui nous mène directement dans le patio « Ouast Eddar » qu'on nomme « aminentidar »

Sur lequel donne le salon des femmes au rez-de-chaussée « Tizefrit ». Le patio est fermé par un filet « Chbek » et dans un coin discret, nous trouvons les sanitaires et l'espace des ablutions qu'on nomme « Ajmir »

Source Routard.com -  Maison d'hôte Akham dans le M'zab

En hauteur, nous prenons un escalier pour arriver « El aâli » dont le centre du haut « emess enej » est occupé par une galerie nommée « Ikomar » orientée vers le Sud sur laquelle débouchent les pièces « Tighargharth » l'espace est doté aussi d'un autre « Ajmir » (Sanitaires et espace d'ablutions)

La parole fut ensuite donnée à Monsieur Kouadri Bouali, enseignant universitaire en retraite, qui donna des éclaircissements quant à la configuration des maisons traditionnelles dans la région d'El-Asnam en prenant comme exemple les habitations des algériens dans l'agglomération de « La Ferme » à Chlef. Il n'omettra pas de signaler que nous n'avons pas une certaine architecture unifiée au niveau de nos villes et villages. Tout est importé et vous trouvez un style vietnamien qui peut côtoyer un style européen sans pour cela créer une quelconque indisposition de quelque individu que ce soit.

6/- LA MAISON TRADITIONNELLE DANS LA REGION DE CHLEF

Le matériau qui était le plus utilisé dans la région et dans bien d'autres régions du pays est le « Toub », c'est des briques pleines confectionnées avec de l'argile ou de la terre mélangé avec de la paille qui sert d'armature. Les murs sont crépis avec de l'argile ou du plâtre à la convenance et aux possibilités de l'habitant.

Source /   Z Espace algérie maroc tunisie

Nous distinguons deux sortes de constructions. L'une individuelle se composant d'une seule grande pièce de format très long qui sert de chambre et de cuisine qu'on appelle « Gourbi », généralement très basse dont la toiture est fait de Chaume « Diss » ou de « Smar » (jonc). Nous avons la maison (Haouch) à plusieurs pièces qu'on nomme « Dyar » très spacieuses et elles sont toutes polyvalentes.  Les chambres sont construites tout autour d'une cour centrale. Sur l'un des côtés nous trouvons les étables et bergeries (Sud), puis côté Ouest généralement, une grande pièce comme la première (Gourbi) et qui est elle aussi polyvalente et englobe la cuisine et la chambre à coucher des femmes et enfants qu'on nomme communément « Dar Elhouana ». La porte d'entrée du « Haouch » est  généralement orientée vers le Nord, au côté Est, on trouve une grande pièce qui sert de salon qu'on nomme « Dar Edhiaf » et qui est attenante à une autre pièce qu'on appelle magasin  (makhzen) pour la conservation des céréales soit dans des fûts de 200 litres ou à même la terre. Sa porte donne directement sur l'extérieur.

A l'intérieur des chambres, nous remarquons toujours des petites anfractuosités carrées ou triangulaires qui servent de meubles de rangement des ustensiles de cuisine et même pour les vêtements qui sont généralement suspendus sur une corde à l'arrière-plan de la pièce.

Les toitures en V inversé sont généralement supportées par trois grandes poutres dont la poutre maîtresse est appelée « 3moud » ou « kaoutane » lui-même supporté par des troncs d'arbres appelés « Taguida » dont le bout est en forme de V

Dans toutes les chambres, nous trouvons une surélévation qui sert de lit (Essedda) et de magasin à provision qu'on nomme « Err'hal »

Généralement les habitations sont très dispersées dans la nature et les toilettes sont à l'air libre dans « dame nature.

Dans les villes, une autre forme d'habitations est observée mais ne différant pas de la première utilisée dans les campagnes. En effet, nous avons presque toujours des habitations orientées vers le Sud, le Nord ou l'Ouest. Rares, sont les habitants de la périphérie de la ville qui laissaient des fenêtres assez hautes et larges comme il est d'usage actuellement. Le Haouch est en vase clos généralement et les pièces sont disposées tout autour de la cour centrale. Une seule entrée mène à l'intérieur de la maison. La pièce qu'on appelle « Dar Edhiaf » a généralement une porte qui donne directement vers l'extérieur.

Source : algerianbeaut – Maison traditionnelle dans le Hoggar

Côté verdure et fleurs :

A la campagne, généralement c'est les femmes qui s'occupent du jardin potager de la famille.

En ville, nos grands-mères et nos mères n'oubliaient jamais de planter des fleurs et des plantes aromatiques à l'intérieur du Haouch en l'occurrence,  Na'ena'e (la menthe), Elhbak (basilic), elkhdaoudj (géranium), el yasmine (jasmin), el ouard (roses), etc. Dans tout Haouch qui se respecte, nous trouvons généralement un pied de vigne et au moins un citronnier et lorsque l'espace le permet, on peut trouver un ou plusieurs arbres fruitiers.

Actuellement, notre vision est obstruée par le béton et encore du béton à perte de vue, dans quelques années si nous n'y prenons garde, nous ne trouverons plus un coin de verdure dans nos villes et villages et c'est vraiment la déperdition de la terre, de cette planète verte qui devient de plus en plus désertique.

Nos grands-mères utilisaient tous les bidons  de cinq litres pour planter des fleurs lorsque le besoin se faisait sentir et que les pots en terre cuite faisaient défaut.

7/- MAISON TRADITIONNELLE TOUAREG

La zeriba est une maison traditionnelle touareg faite de pierre et de feuilles de palmiers construite au pied d'une colline ou d'un monticule pour éviter les vents de sable.

Source : Sahara Algérie

Source : Vitamine DZ.com (Photo maison traditionnelle des M' SIRDA FOUAGA) dans le M'zab

Tout au long de l'émission les auditeurs n'ont pas cessé d'apporter leur contribution afin d'enrichir les connaissances des uns et des autres et revenir à leur enfance avec une certaine nostalgie « bon enfant » qui vous donne du baume au cœur et vous transporte dans la féérie d'un passé et d'une jeunesse prodigieuse.

Le temps de l'émission ayant été restreint et la barre technique nous faisant signe de l'écoulement des minutes, Monsieur Abdelkrim El Houari remercia ses invités pour cet apport culturel et social et donna rendez-vous à ses auditeurs pour la prochaine émission qui se déroulera le Lundi suivant, c'est-à-dire, le 29 Mars 2010

                                Mohamed BOUDIA