CULTURE A CHLEF - EL ASNAM -

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Sauvons Romaissa

Du bureau, de Paris, du "SOIR D' ALGERIE" (6 Août 2009) par Khadidja Baba-Ahmed


Si les deux lourdes interventions chirurgicales qu'a subies en France la jeune Romaïssa semblent avoir réussi, aujourd'hui pour cette jeune Algérienne de Chlef qui a pu être sauvée, grâce à la mobilisation de nos lecteurs et de nombreux Algériens d'ici et de là-bas suite à l'appel de notre confrère Maâmar Farah sur ce cas humanitaire, tout cependant n'est pas encore fini et l'irréparable n'est pas encore à exclure.
Romaïssa devra quitter la fondation Rothschild ce vendredi, si une prolongation par la Cnas de sa prise en charge, arrivée à échéance, ne lui est pas envoyée. Romaïssa comme sa mère qui l'accompagne dans cette dure épreuve attendent avec angoisse. Nous leur avons rendu visite au service chirurgie de cet hôpital parisien. C'est Nadia, la jeune maman qui nous a reçue, Romaïssa ayant été transportée au scanner pour différents contrôles. En attendant son retour, sa mère, les yeux humides, nous raconte les différentes péripéties par lesquelles sa fille et toute la famille sont passées depuis 2005 alors que la petite n'avait que 5 ans (elle en a dix aujourd'hui) ; les diagnostics contradictoires et les nombreux changements de traitements dont certains ont malheureusement aggravé sa situation. «Ma fille est presque sauvée et je ne remercierai jamais assez tous ceux qui se sont mobilisés pour qu'elle puisse être enfin dirigée vers un service spécialisé. Les autorités aussi ont été sensibles, et c'est ainsi que tant le ministre du Travail que le directeur général de la Cnas ont vite réagi en délivrant une prise en charge et la billetterie pour Romaïssa et moimême. » Mais, nous explique-t- elle, tout en nous montrant les différentes attestations et certificats médicaux : «Romaïssa n'a pas une maladie commune.» Elle souffre de «l'encéphalite de Rasmussen», autrement dit une épilepsie que qualifient ses médecins de «sévère et rare». Tellement grave, qu'hospitalisée depuis le 30 juin dans le service de neurochirurgie de la fondation Rothschild, elle a été opérée le 10 juillet pendant onze heures pour une «déconnexion de tout l'hémisphère cérébral gauche». Une deuxième intervention a eu lieu le 30 juillet dernier et aujourd'hui, selon les propres termes et recommandations des médecins qui l'ont opérée, «une surveillance médico-chirurgicale est impérative» afin, disent-ils, «de prévenir les complications postopératoires à distance ; adapter le traitement antiépileptique ; assurer des contrôles en EEG et IRM ; entamer une rééducation fonctionnelle du fait de son hémiplégie et une orthophonie intensive et spécialisée du fait de l'aphasie, autrement dit de la perte, en grande partie, de la parole. C'est pour toutes ces raisons que les médecins considèrent qu'«il est indispensable de prolonger la prise en charge sur une durée minimale de six mois. Romaïssa est attendue pour ce suivi, depuis le 3 août dans un nouvel établissement, à l'hôpital national Saint- Maurice, dans le 94». Et c'est là que tout se complique, nous dit encore sa mère qui n'a cessé de transmettre par fax les attestations des médecins et leurs recommandations pour demander une prolongation de la prise en charge. Elle n'a cessé aussi d'appeler à Alger pour alerter sur ce silence, mais en vain ! Aucune réponse alors que la petite risque d'être dans la rue dès vendredi. C'est toute l'angoisse de la maman qui, en mère courage, accueille enfin sa fille ramenée dans la chambre après de longues heures de contrôles. La belle et si frêle rescapée nous sourit mais un sourire triste qui en dit long sur ce qu'elle endure et ce qu'elle a enduré depuis 5 ans et sur ses interrogations quant au futur. Ce futur d'une toute jeune adolescente dont l'avenir dépend d'un petit papier, un sésame qui lui redonnerait enfin vie et qui lui permettrait enfin de rentrer au pays guérie et de reprendre le chemin de l'école. Alors que nous nous apprêtions à quitter Romaïssa et sa mère, nous avons reçu un coup de fil de Samia Amrous : c'est la dame algérienne qui n'a aucun lien de parenté avec la famille et qui accueille chez elle la maman de Romaïssa, lorsque la petite malade est en réanimation, parce que nous dit elle «le cas dramatique de Romaïssa la bouleverse». Et cette admirable dame nous dit encore : «Je fais des mains et des pieds, j'ai vu les assistantes sociales de l'hôpital, j'ai été voir les services des aides médicales mais malheureusement, le cas de Romaïssa est tellement lourd que la prolongation de sa prise en charge est absolument vitale.» Espérons qu'elle soit entendue par ceux — ministère et Cnas — qui ont fait le premier geste et qui comprendront sûrement que leur geste aura été vain s'il n'était suivi par cette prolongation de prise en charge.
K. B.-A.


22/08/2009
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